En Mai, fais la tribune qui te plait

Coup d’œil sur les tribunes de mai avant la parution du numéro de Juin.

Pour une fois, aucune des tribunes de la majorité municipale  ne rappelle la baisse d’une partie des dotations de l’état. Il faut dire que nous étions  au bord de l’overdose. Deux de ces tribunes arrivent même à parler du local. Il était temps.

Commençons par la première. C’est Maria Mercader qui s’y colle pour nous présenter un projet de bus santé. Enfin un projet de la nouvelle municipalité. Mais, les bonnes habitudes ne se perdant pas, un petit coup sur le gouvernement qui ne fait rien pour la Roseraie, avant de nous présenter une nouveauté concrète.

Un bus qui ira à la rencontre des habitants pour faire de l’information, de la prévention, du dépistage et du repérage de facteurs de risques. Le menu est copieux. L’avenir nous dira si tous ces points pourront être traités et si ce bus est une bonne ou fausse bonne idée. D’autant plus qu’il est précisé que ce bus agira à différents moments et sur des questions variées. Enfin, nous pensons que ce n’est pas le bus qui agira mais les personnels qui y circuleront.

Mme Mercader finit son propos en résumant les objectifs de la municipalité : refuser l’apartheid médical et combattre l’isolement des personnes.

Parler d’apartheid médical ( à deux reprises) dans une ville où il y a de nombreux médecins et de spécialistes, un centre de santé municipal accessible à tous , une clinique, certes qui n’a plus d’appareil de radiothérapie de haut de gamme, mais qui accueille encore des centaines de patients chaque jour, de plus dans un pays ou existe la CMU et même une mutuelle CMU pour les plus démunis, semble légèrement exagéré. De nombreux pays dans le monde voudraient pouvoir bénéficier  de cet apartheid médical. «  Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde » disait Camus.

Quant à l’isolement des personnes, c’est un vrai combat. Gageons que ce problème ne se résoudra pas avec l’arrivée d’un bus itinérant.

L’autre tribune, qui parle du local émane, de Fathi Tlili du groupe gauche communiste. Il s’agit d’un reportage sur la participation de jeunes d’Aubervilliers au Forum Social Mondial qui s’est tenu en Tunisie. Sujet intéressant qui aurait pu être traité dans les pages magazine de ce journal mais nul doute que la proximité de Fathi Tlili avec la Tunisie ait été pour quelque chose dans ce choix. Toutefois, expérience très intéressante pour ces jeunes. A quand la restitution ?

Pour le groupe ensemble et citoyen, Roland Ceccoti évoque le sujet dramatique des migrants. Quand disait Michel Rocard à ce sujet : « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » mais rajoutait-il et beaucoup semblent l’avoir oublié : « Il faut que chacun en prenne sa part ». Nul doute qu’Aubervilliers en prenne largement sa part. Nous avons le pourcentage le plus élevé d’habitants étrangers, une grosse partie de la population d’origine étrangère qui raconte, par strates successives,  l’histoire de la construction de notre ville, de nombreuses familles en situation d’hébergement et une tradition de défense des sans-papiers au-delà des clivages politiques. L’exemple que nous donne M. Ceccoti nous le prouve encore. Alors effectivement, il faut que chacun en prenne sa part. C’est aussi ce que l’Europe, non sans mal, s’efforce de mettre en place actuellement.

La quatrième tribune de la majorité est celle de Fethi Chouder, le président du groupe Parti de Gauche. Laissera-t-il un jour sa plume aux membres de son groupe ou cela est-il l’apanage uniquement du président, l’avenir nous le dira. Cette fois, M. Chouder reprend un de ses chevaux de bataille : l’islamophobie. Alors quelques questions : D’après lui, de nombreuses personnalités publiques jettent l’opprobre sur les musulmans. De qui parle-t-il. Cela existe-t-il à Aubervilliers ? Est-ce vraiment un problème albertivillarien ?

Le fameux amalgame qu’il dénonçait déjà le 8 janvier sur la place de la mairie. Mais alors, les quatre millions de personnes qui ont manifesté, (du jamais vu !), donnaient bien l’impression de ne pas faire d’amalgame. La plupart des personnes politiques n’en ont pas fait non plus. Rappelons aussi que les premières victimes de ces assassinats odieux (Oh Dieu !) ne sont pas les musulmans, comme on a pu l’entendre, mais des dessinateurs, un correcteur, un policier et des clients juifs d’un Hyper Cacher. Il se trouve que parmi eux se trouvaient aussi des musulmans mais qui n’ont pas été tués pour leur religion.

Précisons aussi que la couverture de Charlie Hebdo, à l’origine de cette tragédie (Mahomet débordé par les intégristes : « c’est dur d’être aimé par des cons ! », ne faisait justement pas d’amalgame entre les assassins se réclamant de l’islam et tous les musulmans. Apprenons aux jeunes à lire les images !

Sur l’éducation des jeunes, c’est effectivement très important de raconter notre histoire sans en omettre les pages les plus sombres. Ne désespérons pas : c’est la première fois qu’il est fait état des évènements du 8 mai 45  à Sétif. Il faut également reconnaître le rôle des « indigènes » dans les combats de la première  et de la seconde guerre mondiale. Nous sommes dans ce sens, comme le rappelle M. Chouder,  aidés par le jumelage à venir avec Vallerodonta, ville d’origine de notre maire précédent et de la plupart des italiens d’Aubervilliers. Proche de Monte Cassino, cette région est effectivement riche de lieux historiques. Peut-être programmer le film Indigène pour les classes des collèges et lycées ?

Pour la suite des tribunes, ce sera…

(A suivre...)